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CONTEXTE HISTORIQUE
1-KIEFFER
Commando Kieffer

 

Le commando Kieffer fait parti des unités emblématiques de l'armée française reconnu pour sa qualité opérationnelle. C'est une unité de fusiliers marins créée en Grande Bretagne dans le cadre des troupes de la France Libre du général de Gaulle. Elle comptait cent soixante dix-sept hommes sous les ordres d'un officier de marine, Philippe Kieffer (1899-1962) qui avait rejoint Londres dès le 19 juin 1940. Cette unité pratique de nombreux raids sur les côtes de la Manche en préparation au débarquement. Le 6 juin 1944, elle est chargée sur la plage Sword à Colleville de diverses destructions. Au soir, sur les cent soixante dix-sept commandos, dix ont été tués. Aujourd'hui, les commandos de la marine nationale sont les héritiers des commandos Kieffer et en 2008, une nouvelle unité portant ce nom a été créée s'ajoutant aux cinq déjà existants. Le béret vert des commandos marine se porte avec l'insigne à gauche, à l'anglaise et à l'inverse de la Légion étrangère.Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et modifiez-moi. Je suis l'endroit parfait pour raconter une histoire, et pour vous présenter à vos utilisateurs.

2-SOMME
Somme (Bataille, 1916)

 

La bataille de la Somme est principalement menée par l'armée britannique en juillet 1916. L'attaque lancée conjointement avec une offensive française doit se produire sur un front large de plus de 20 km dans le Pas-de-Calais, sur la rive droite de la Somme. Alors que dans le secteur de Verdun, la bataille ne trouve pas d'issue depuis l'attaque allemande de février, cette offensive sur la Somme doit permettre de soulager le secteur de Verdun tout en tentant de réaliser une percée importante. Elle doit servir à relancer une guerre de mouvement. L'infanterie britannique s'élance le 1er juillet 1916. Après quelques succès tactiques initiaux, l'offensive s'essouffle alors que les Allemands regroupent des renforts et écrasent les assaillants sous le feu de leur artillerie. En douze heures, plus de dix-neuf mille soldats britanniques sont morts dont près de mille officiers.

3-VERDUN
Verdun (Bataille, 1916)

 

La bataille de Verdun débute par l'attaque allemande du 21 février 1916 et dure près de dix mois. Les Allemands voulaient percer le front dans cette zone puisqu’ils l’avaient cerné déjà en partie. Les Français font de Verdun un symbole de la résistance. Après des premiers jours difficiles avec la perte en particulier du fort de Douaumont, la riposte est organisée avec l'envoi de renforts en hommes et en matériel grâce à un petit cordon ombilical qui relie Verdun à Bar-le-Duc – appelé plus tard la Voie Sacrée –, sur lequel des milliers de véhicules circulent chaque jour. Le général Pétain, qui organise la défense de Verdun, met en place un système nommé noria qui permet de faire passer constamment des troupes « fraîches Â» dans le secteur menacé et de retirer celles qui sont le plus éprouvées. Dans le cadre des alliances et afin de tenter de desserrer l'étau autour de Verdun, les Britanniques attaquent sur la Somme en juillet et les Russes lancent une offensive sur le front Est en septembre. Au vu des pertes humaines, aussi nombreuses que celles des Français, l'état-major allemand cesse ses efforts en décembre 1916. Cette bataille a fait cent quarante-six mille morts Français et cent quarante mille Allemands ainsi que, respectivement, deux cent seize mille et cent quatre-vingt-dix mille blessés. Environ cinquante millions d'obus ont été tirés par les deux camps; ils ont causé de l'ordre de quatre-vingt % des pertes. Verdun n'est pas l'épisode le plus meurtrier de la Première Guerre mondiale ; il y a eu ainsi environ trois cent mille morts français durant les quatre premiers mois de guerre en 1914. Toutefois, c'est celui qui a le plus marqué la mémoire collective française. En effet, les informations et la propagande qui ont été faites durant la bataille pour exhorter les troupes et l'arrière à « tenir Â» ont marqué les esprits. En outre, quasiment tous les combattants français sont passés par Verdun du fait de la noria.

4-LAFAYETTE
Escadrille Lafayette (Première Guerre mondiale)

 

Des Américains combattent déjà en France, comme les aviateurs de l'escadrille Lafayette avant l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique le 6 avril 1917. Mise sur pied en 1916 avec des financements de riches Américains francophiles, cette unité d'aviation constituée de volontaires compte au départ quarante-deux aviateurs dont seulement quatre Français. Elle s’étoffe ensuite de plus de deux cent aviateurs et prend le nom de corps d'aviation Lafayette. Lors de l'entrée en guerre des États-Unis, de nombreux pilotes rejoignent l'armée américaine et l'unité est dissoute en févier 1918. L'insigne, qui est devenu mythique, représente une tête d'Indien de profil avec une coiffure à plumes typique.

5-NORMANDIE
L'escadrille Normandie-Niémen (Seconde Guerre mondiale)

 

L'escadrille Normandie Niémen a été créée en 1942 à l'initiative du général de Gaulle qui souhaitait que, de manière symbolique, des soldats de la France libre combattent aux côtés des Soviétiques. Pour des raisons évidentes de transport et de logistique, il était plus facile d'envoyer quelques aviateurs plutôt qu'une division blindée ou des régiments d'infanterie. Après un long périple qui démarre de la base anglaise de Rayak au Liban, les quatorze premiers pilotes arrivent, le 22 novembre 1942, dans la région de Moscou. La présence de cette unité française fut à la fois un épiphénomène militaire et une manifestation considérable du soutien de la France libre à la lutte de l'Union soviétique contre le nazisme. Quatre-vingt-seize pilotes français ont combattu sur le front russe ; quarante-deux sont morts au combat ; deux cent soixante-treize victoires aériennes sont revendiquées. Durant toute la période de la guerre froide et aujourd'hui encore, les relations entre aviateurs français et soviétiques continuent d'être amicales pour commémorer cet épisode de leur histoire commune. Une unité de l'armée de l'Air française est aujourd’hui l'héritière de l'escadrille Normandie-Niémen.

6-GOUMIERS
Goumiers marocains

 

Les goumiers sont des soldats marocains dépendant d'unités mises sur pied dans le cadre du protectorat français sur le Maroc jusqu'en 1956. Il s'agit d'abord de troupes supplétives qui ne quittent pas le territoire marocain et qui sont surtout chargées d'assurer des missions de souveraineté et de maintien de l'ordre dans le cadre de la « pacification Â» du Maroc jusqu'en 1934. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les goumiers participent à la libération de la Corse en 1943, ainsi qu’à la campagne d'Italie (1943-1944) et au débarquement de Provence (1944). Lors de ces différents combats, leur capacité à combattre en terrain montagneux en fait des troupes remarquables. Environ douze mille marocains constituent alors quatre groupes de tabors. Un tabor est l'équivalent d'un bataillon qui regroupe lui-même trois goums à trois sections, un goum est équivalent approximativement à une compagnie d'infanterie. Les goumiers seront aussi engagés dans la guerre d'Indochine.

7-2E DB
2e DB

 

Dans l'imaginaire collectif, la 2e division blindée (2e DB) est celle de Leclerc et de la Libération de Paris en août 1944. Elle est un symbole certes légitime mais qui, comme tous les mythes, masque d'autres acteurs et en particulier toutes les autres divisions de l'armée française de la période 1943-1945. Créée le 21 août 1943, dans le cadre du réarmement de l'armée française en Afrique du Nord, la 2e DB est constituée d'un noyau de militaires qui, dès juin 1940, avaient rallié le général de Gaulle. Il s'agit d'un groupe de soldats d'Afrique, du Tchad, de Koufra, composé en grande partie de tirailleurs sénégalais et qui devient, en février 1943, la « force L Â» intégrée à la 8e armée britannique. La « force L Â» contraint les Allemands, depuis l’Égypte, à reculer jusqu'en Tunisie où ils capitulent en  mai 1943. À partir de septembre 1943, cette unité est organisée suivant les standards des divisions blindées américaines. Les unités « indigènes Â» en sont retirées et remplacées par des soldats français. Elle est transportée en Angleterre pour être amenée en Normandie, début août – soit bien après le débarquement du 6 juin – pour s'emparer, très symboliquement, de Paris. Ensuite, la 2e DB participe aux combats en Alsace.

D'un point de vue mémoriel, la 2e DB occupe une place bien plus importante que son rôle militaire réel. Aujourd'hui la 2e brigade blindée est l'héritière de la 2e DB de Leclerc.

8-PREMIERE ARMEE
La première armée française (1944-1945)

 

Issue de l'armée B qui débarque en Provence – l'armée A étant  plus connue sous le nom de CEFI (corps expéditionnaire français en Italie) – la « première armée Â» est créée en novembre 1944. Comptant alors environ deux cent cinquante mille combattants, elle est composée, pour moitié environ, de troupes dites « indigènes Â» (Maghreb, Afrique, voir notice « tirailleurs Â») et pour l'autre d'Européens majoritairement d'Afrique du Nord (où le taux de mobilisation a pu atteindre dix-huit % de la population), auxquels s'ajoutent progressivement un peu plus de cent mille FFI et FPT après le débarquement de Provence. Articulée en deux corps d'armée, elle compte cinq divisions d'infanterie : 1ere division motorisée d'infanterie, (DIM ex DFL, division française libre) ; 2e division d'infanterie marocaine (2e DIM), 3e  division d'infanterie algérienne (3e DIA), 4e division marocaine de montagne (4e DMM) et 9e division d'infanterie coloniale (9e DIA) ; ainsi que 3 divisions blindées (1e et 5e DB et, accessoirement, 2e DB). Les éléments non endivisionnés sont essentiellement constitués par quatre groupements de tabors marocains (voir notice « goumiers Â»), mais aussi seize groupes d'artillerie de campagne et douze de DCA,  six régiments de chasseurs de chars, deux régiments blindés de reconnaissance et tout l'ensemble des unités de génie, transmissions, train, santé. Trois autres divisions d'infanterie (1ere, 10e et 14e DI) ainsi que la 27e division d'infanterie alpine ont été créées à la fin de 1944 et au début de 1945, principalement avec des FFI  qui ont été peu engagés dans les combats. Durant les opérations, les pertes de la 1ère armée ont été d'environ dix mille tués et trente-cinq mille blessés. D'un point de vue mémoriel, ces unités ont souvent été les grandes oubliées car leur histoire, les amicales d'anciens et les célébrations patriotiques étaient majoritairement liées, géographiquement, à la présence de la France en Afrique du Nord. Après 1962, la 2e DB et la « geste gaullienne Â» ont parfois effacé le rôle des unités de la première armée, en particulier celles où il y avait majoritairement des « pieds noirs Â» d'Algérie et des tirailleurs et des goumiers d'Afrique et du Maghreb.

9-BIR HAKEIM
Bir Hakeim (bataille, 1942)

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, si la bataille de Bir Hakeim avait été livrée par une brigade britannique, ce combat ne serait connu que grâce à quelques lignes dans l'histoire militaire du Royaume-Uni. Dans l'histoire de la France, elle a valeur de symbole. Le général de Gaulle a ainsi pu écrire : « Le canon de Bir Hakeim annonce le début du redressement de la France Â». En 1942, Allemands et Italiens tentent, depuis la Lybie, de rejoindre l'Égypte pour s'emparer du canal de Suez, axe majeur des approvisionnements britanniques. Le 26 mai, ils lancent une nouvelle offensive mais trouvent sur leur route, autour d'un puits désaffecté en plein désert, une unité française, la 1ere brigade française libre du général Koenig. Jusqu'au 11 juin, avec ténacité et abnégation, elle bloque l'attaque allemande et permet ainsi aux unités britanniques de se renforcer. À El Alamein, en novembre, l'avancée allemande est définitivement arrêtée. La route des Indes reste toujours ouverte pour les Alliés.

10-MAMELOUK
Mamelouks

 

Les mamelouks sont des soldats de l'empire ottoman. Il s'agit d'esclaves, parfois d'origine chrétienne, qui sont affranchis et soldés (payés) après une formation militaire pour servir les califes musulmans. Ces unités ont été créées dès le XIIIe siècle. Les mamelouks sont surtout connus en France par la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte à la fin du XVIIIe siècle. En effet, devant les premières victoires françaises, une partie des unités de mamelouks se rallie à Bonaparte et le suit lors de son retour en France. Les mamelouks sont engagés comme cavaliers en particulier à Austerlitz mais aussi en Espagne. Goya peint ainsi un mamelouk dans son célèbre tableau Dos de Mayo. L'un d'eux, Roustam Raza (vers 1780-1845), fut un proche, jusqu'en 1814, de l'Empereur.

11-POLYTECHNIQUE
L’École Polytechnique

 

Au moment de la Révolution, il faut donner à la France des scientifiques de haut niveau car le système de formation hérité de la monarchie n'est pas suffisant. L'École centrale des travaux publics est ainsi créée en 1794 ; elle prend le nom d'École polytechnique l'année suivante. Elle est dotée d'un statut militaire par Napoléon Bonaparte en 1804 et adopte alors la devise : « Pour la patrie, les sciences et la gloire Â». Depuis sa création, l'école est chargée de former des ingénieurs dans les grands corps de l'État, mais beaucoup d'anciens élèves vont ensuite travailler dans le secteur privé. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, elle a aussi formé la quasi totalité des officiers d'artillerie et du génie de recrutement direct qui ensuite rejoignaient l'école d'application de l'artillerie (à Metz jusqu'en 1870 puis à Fontainebleau) pour mettre en pratique – appliquer – ce qu'ils avaient appris à l'X. Le surnom d'X viendrait soit des canons croisés - un sautoir de bombardes en termes héraldiques - qui figurent sur son insigne jusqu'en 1994, soit de l'importance des mathématiques dans lesquelles x est une lettre emblématique. En 2014, le cycle de formation se déroule sur quatre ans. Il y a environ quatre cents polytechniciens par promotion dont plus d'un quart d'élèves étrangers.

12-TUNISIE
Campagne de Tunisie (1942-1943)

 

Le 8 novembre 1942, des troupes anglo-américaines débarquent en Algérie et au Maroc. Après quelques combats fratricides avec des unités françaises, l'Afrique Française du Nord (AFN) et ses troupes – l'armée d'Afrique – reprennent le combat contre l'Allemagne. Sous la poussée des Britanniques, l'Afrika Korps de Rommel recule depuis El Alamein en Égypte jusqu'en Tunisie. Allemands et Italiens sont pris en tenaille par les Français libres et les Britanniques qui progressent par le Sud et par les Américains et l'armée d'Afrique qui avancent depuis l'Algérie. La campagne est difficile et s'étend de fin novembre 1942 au 13 mai 1943, date à laquelle les troupes germano-italiennes capitulent. Rommel a depuis longtemps rejoint l'Allemagne. L'Afrique est totalement libérée des troupes de l’Axe. Les Alliés défilent à Tunis le 20 mai 1943.

13-ITALIE
Campagne d’Italie (1943-1944)

 

Après le débarquement en Afrique Française du Nord (AFN), les Américains souhaitent attaquer l'Allemagne par le chemin le plus court avec une attaque frontale depuis les plages de la Manche. Churchill préconise une attaque contournée par les Balkans, le ventre mou de l'Axe. Après le débarquement en AFN et la capitulation de l'Afrika Korps et des Italiens en Tunisie, les Alliés pensent occuper la Sicile pour tenir la route maritime du canal de Suez puis se concentrer sur une opération à travers la Manche. La Sicile est conquise en juillet et août 1943. Au même moment, Mussolini est renversé et le nouveau gouvernement italien cherche une façon de sortir de la guerre. Les Américains acceptent de poursuivre des opérations en Italie à condition de toujours préparer l'invasion par la Manche. Le 3 septembre 1943, les Alliés prennent pied dans le sud de l'Italie à Salerne et, le 8 septembre, l'Italie devient cobelligérante avec les Alliés. Toutefois, les Allemands se renforcent en Italie et rendent l'invasion complexe. La campagne d'hiver est difficile. Les Allemands, commandés par Kesselring, résistent sur des lignes successives. La France met sur pied le corps expéditionnaire français en Italie (CEFI) sous les ordres du général Juin. Les divisions françaises qui mêlent des Français d'Afrique du Nord, des troupes « indigènes Â», des gaullistes et des évadés de France par l'Espagne, montrent qu'elles sont tout à fait capables, avec l'armement américain, de retrouver une vraie place au sein des armées alliées. Après la dure bataille de Monte Cassino, la route de Rome est ouverte et le 6 juin 1944 les Alliés entrent dans la ville. Ensuite, de nombreuses troupes sont retirées d'Italie pour débarquer en Provence ; le nord de la péninsule devient alors un théâtre secondaire jusqu'au printemps 1945 même si Churchill n'a jamais totalement abandonné sa décision de percer par les Balkans. Ce projet n'a pas l'aval des Russes qui souhaitent avancer seuls dans les Balkans autant pour des raisons militaires que géostratégiques.

14-MONTE CASSINO
Bataille de Monte Cassino (1944)

 

Il s'agit d'un terme générique qui englobe les combats qui ont eu lieu de janvier à mai 1944 entre les forces alliées et allemandes au centre de l'Italie autour du Mont Cassin, à centre quarante kilomètres au sud de Rome et cent km au nord de Naples. Après avoir reculé lors du débarquement allié en Italie depuis la Sicile, les Allemands organisent une série de lignes de défense qui barrent les Apennins. La plus important est la ligne Gustav qui s'appuie sur la zone montagneuse des Abruzzes et dont le mont Cassin à cinq cent mètres d'altitude constitue la clef qui bloque la vallée du Liri ouvrant la route vers Rome. De janvier à mars 1944, des unités anglaises et américaines - jusqu'à trois cent mille hommes - tentent deux grandes offensives frontales qui se soldent par des échecs et des pertes importantes. En outre, le 15 février, le monastère du mont Cassin est quasiment détruit par les bombardiers américains alors que les troupes allemandes n’étaient pas présentes. Les ruines du monastère deviennent un formidable point d'appui pour les Allemands.

Finalement, c'est le plan proposé par le général Juin, commandant le corps expéditionnaire français en Italie (CEFI) qui va permettre, par une ample manœuvre de débordement, de s'emparer du mont Cassin. Grâce au CEFI et à ses troupes rustiques expertes des manœuvres en montagne (tout comme les goumiers et les tirailleurs) ainsi qu'aux unités polonaises, le mont Cassin est pris le 18 mai 1944. Les Alliés ont perdus environ cent quinze mille tués et blessés mais désormais, la route de Rome est ouverte et les Alliés y entrent le 6 juin 1944, le jour du débarquement en Normandie.

15-PROVENCE
Débarquement de Provence (1944)

 

Le 15 août 1944, des soldats américains et des forces alliées débarquent sur les plages de Provence, soixante-dix jours après l'opération Overlord en Normandie. Cette opération Dragoon a pour but d'ouvrir un deuxième front en France. Il avait été initialement prévu qu'elle aurait lieu juste après la Normandie mais le manque de moyens de débarquement ne l'a pas permis. En effet, il a fallu faire venir des moyens amphibies en Afrique du Nord et en Italie depuis la Manche via Gibraltar. Le 15 août au matin, trois divisions américaines, parties de Naples, débarquent entre Cavalaire et Saint-Raphaël dans le Var. Elles sont suivies le lendemain et les jours suivants par quatre divisions françaises parties de Corse, de Tarente en Italie et d'Oran en Algérie. Elles s'emparent quelques jours plus tard de Marseille et de Toulon puis remontant vers le nord, par la vallée du Rhône et par les Alpes. Français et Américains libèrent Lyon avec soixante-dix jours d'avance sur les plans. La conjonction des débarquements de Normandie et de Provence, conduit Hitler à faire refluer, à partir du 19 août, toutes ses troupes vers le nord-est de la France. Ceci explique le succès rapide du débarquement de Provence et la progression des troupes alliées vers le nord.

16-DAMES
Chemin des dames (bataille, 1917)

 

A la fin de 1916, la guerre s'éternise. La France est épuisée. Les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre. L'Alliée russe est en difficulté. Le gouvernement sent que la France ne pourra résister longtemps encore. En décembre, il nomme le général Nivelle, à qui il fait confiance et qui a obtenu quelques succès significatifs à Verdun, comme général en chef des armées françaises et lui donne tous les moyens pour une offensive qui se voudrait définitive. Au même moment, les Allemands décident un repli stratégique pour raccourcir leurs lignes de front et leurs élongations logistiques. L'État-major français est pris de court. Il doit revoir ses plans. Les Allemands ont de nombreux indices des plans français. Quatre armées et une imposante préparation d'artillerie  pourraient rompre le front en 24 heures et exploiter la percée par une guerre de mouvement qui pourrait être décisive ou qui pourrait donner des gages pour une paix de compromis. Du 6 au 16 avril 1917, une concentration d'artillerie sans précédent écrase les lignes allemandes : plus de cinq cent obus à la minute pendant dix jours. Des chars, des avions doivent ensuite être engagés pour soutenir les attaques de l'infanterie sur un front de quarante kilomètres entre Reims et Vauxaillon et centrée sur le Chemin des Dames. L'offensive démarre le 16 avril dans la pluie, la neige et le vent. Les nids de mitrailleuses allemandes n'ont pas été détruits, les Allemands s'attendent à l'attaque qui dès les premières heures est un échec sanglant à la fois symbolique et rédhibitoire. Nivelle relance les attaques les jours suivants, sans résultat. Le 15 mai, il est remplacé par Pétain qui change de stratégie au moment où se développent les premières mutineries. Néanmoins, les attaques françaises vont se poursuivre dans cette zone mais avec des objectifs moins ambitieux. Le Chemin des Dames est finalement conquis le 2 novembre 1917.

17-TIRAILLEUR
Tirailleur

 

Le terme « tirailleur Â» apparaît au XVIe siècle mais il est surtout utilisé au milieu du XVIIIe siècle de manière péjorative pour parler d'un soldat qui tire mal ou en désordre, qui ne garde pas « la ligne Â». Il acquiert un sens positif dans la première moitié du XIXe siècle dans le vocabulaire militaire lorsque les théoriciens constatent, après les opérations en Espagne et en Russie, que les lourds carrés d'infanterie (de ligne) ne peuvent rien contre les opérations de guérilla. Il faut alors des troupes plus souples, qui manÅ“uvrent plus vite avec une initiative tactique plus importante laissée aux chefs de petites unités sur le terrain. À la même époque sont créées des unités de chasseurs. Les chasseurs et les tirailleurs sont des soldats qui peuvent être parfois considérés comme une troupe d'élite. La première mouture du roman Lucien Leuwen de Stendhal s'appelait ainsi « Le chasseur vert Â». En définitive, à la fin du XIXe siècle, il n'y a plus guère de différence dans l'organisation et l'emploi des régiments d'infanterie et des régiments de tirailleurs – environ quatre mille hommes articulés en quatre bataillons – si ce n'est dans l'origine des troupes : les tirailleurs sont toujours « indigènes Â» et recrutés dans le cadre de la France coloniale. Dans l'armée française d'aujourd'hui, le drapeau, les traditions et l'héritage de tous les tirailleurs sont conservés par un régiment d'infanterie stationné à Épinal et qui porte le nom de 1er régiment de tirailleurs.

18-SENEGALAIS
Tirailleurs sénégalais

 

La première création d'une unité de spahis sénégalais remonte à l’expérience faite en 1845 au Sénégal par le capitaine Faidherbe. Il qui met sur pied un bataillon dont l'existence est officialisée le 21 juillet 1857 par Napoléon III, sous le nom de « tirailleurs sénégalais Â». Les tirailleurs occupent une place grandissante dans la conquête de territoires de plus en plus vastes à partir des anciens comptoirs. Ils sont appréciés des militaires français car ils connaissent le pays, vivent de manière rustique, sont résistants physiquement et habitués au climat. Un premier  régiment de tirailleurs sénégalais est officiellement constitué en 1884. D'autres unités sont ensuite mises sur pied au fur et à mesure de l'extension de l'empire colonial avec des autochtones d'autres territoires : gabonais, haoussa, soudanais, congolais, tchadien. Par souci d’uniformité, ils gardent le nom de « sénégalais Â». Le 14 juillet 1913, le drapeau du 1er RTS est décoré de la Légion d'honneur. Les régiments de tirailleurs sénégalais participent aux deux conflits mondiaux en France.

19-ALGERIENS
Tirailleurs algériens

 

Les premiers bataillons de tirailleurs algériens, qui ne portent pas encore ce nom, sont créés dès 1841 au moment de la conquête de l’Algérie. En 1856, trois régiments (1er, 2e et 3e RTA) sont mis sur pied à Oran, Alger et Constantine, chacun à trois bataillons de six compagnies soit environ quatre mille hommes. Le 4e régiment est créé en Tunisie en 1884 et en 1914, cinq autres RTA sont créés, numérotés de 5 à 9 auxquels s'ajoutent deux régiments (1er et 4e) mixtes de zouaves et de tirailleurs. À la fin de la Grande Guerre, les 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 13e, 14e et 17e RTA sont créés. Les RTA participent à toutes les campagnes du Second Empire et quasiment toutes les expéditions coloniales de la IIIe République ainsi qu'aux deux conflits mondiaux et à la guerre d'Indochine. En Algérie, de 1954 à 1962, neuf RTA sont engagés : 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 21e et 22e. L'ensemble des RTA  est dissous en 1962. L'uniforme est dit « Ã  l'orientale Â» avec comme coiffure la chéchia. Chaque régiment possède une fanfare appelée nouba et une mascotte, généralement un bélier ou un bouc qui marche en tête des défilés.

20-MALGACHE
Tirailleurs malgaches

 

En 1869, une compagnie de recrutement comorien stationne à Nossy Bé, une petite île dans le canal du Mozambique, tout près de Madagascar. Il s'agit d'un point important, pour la marine française, sur les nouvelles routes maritimes qui se créent après l'ouverture du canal de Suez. En 1885 une compagnie sakalave est mise su pied sur la côte occidentale de l'île de Madagascar. Servant au sein de diverses formations, les Comoriens, dont les îles « appartiennent Â» à la France, participent comme les Sénégalais aux opérations de Madagascar à partir de 1893, puis sont intégrés aux bataillons de tirailleurs malgaches et plus tard au bataillon somali. Quatre régiments de tirailleurs malgaches sont mis sur pied lorsque l'île est totalement contrôlée et entre dans l'empire colonial.

21-TUNISIENS
Tirailleurs tunisiens

 

À l'instar de ce qui avait été fait en Algérie, un régiment de tirailleurs est créé en Tunisie en 1884 ensuite le nombre s'accroît pour atteindre quatre régiments. Il faut attendre 1921 pour que soit parfaitement différenciée l'appellation « algérien Â» de l'appellation « tunisien Â» ; en Tunisie, il n'y a plus alors de RTA mais des RTT. Dans la première moitié du XXe siècle le nombre de RTT s'accroît encore pour atteindre le maximum en 1939 : il y a alors les 4e, 8e, 12e, 16e, 20e, 24e, 28e et 32e RTT. L'ensemble des RTT est dissous en 1954.

22-SOMALIS
Tirailleurs somalis

 

Une compagnie de tirailleurs somalis a été mise sur pied en 1915. Elle devient 6e bataillon de marche somali (mais comprenant aussi quelques Comoriens, Yéménites et Abyssins) et devient 1er bataillon de tirailleurs somalis. Il est affecté au régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM) et est transféré à Fréjus. Après des dissolutions et des recréations d'unités diverses un régiment de tirailleurs sénégalais de la Côte française des Somalis est mis sur pied en 1935 à Djibouti. En 1942, ce territoire rallie la France libre et fournit un bataillon qui assure les forces de souveraineté sur le territoire. Il est dissous en 1946. Actuellement le 5e RIAOM (régiment interarmes d'outre-mer) stationné à Djibouti est l'héritier des traditions des tirailleurs somalis.

23-SPAHIS
Spahis

 

Le mot spahi est d'origine turque, et a donné aussi dans l'armée britannique le mot cipaye. La traduction la plus simple serait celle de « cavalier Â». Après la conquête de l'Algérie en 1830, les cavaliers – « sibahis Â» du bey d'Alger – sont sans emploi et intègrent avec Yussuf – qui va devenir officier dans l'armée française - les troupes françaises. Peu à peu des régiments de cavalerie légère sont mis sur pied en Algérie et prennent le nom de régiment de spahis. Il a ainsi existé dix régiments de spahis algériens (RSA, numérotés de 1 à 11 sans le 10), trois régiments de spahis tunisiens (RST, 1e, 5e et 12e) et sept régiments de spahis marocains (RSM,  numérotés de 1 à 8 sans le 7). Ces unités ont participé aux deux conflits mondiaux. Aujourd'hui, le 1er régiment de spahis en garnison à Valence est l'héritier de l'ensemble des traditions de la cavalerie d’Afrique ; il « descend Â» du régiment de marche de spahis marocains créé en 1914 par le général Lyautey à partir des escadrons de spahis marocains. La tenue traditionnelle comprend toujours le burnous et le calot rouge.

24-DDAY
D-Day en Normandie (6 juin 1944)

 

Depuis la fin de 1942, les Américains estiment que pour vaincre l'Allemagne, il faut aller au plus court, des côtes de la Manche vers le cœur du Reich. Les plans ont été multiples pour finalement choisir la Normandie et le mois de juin 1944. Le 6 juin 1944, au petit jour, entre l'estuaire de la Seine et le Cotentin, la plus grande concentration de bateaux (plus de mille bâtiments de guerre et près de six mille transports de troupes et bateaux de soutien) et d'avions (plus de sept mille) jamais réalisée traverse la Manche pour effectuer le débarquement de troupes sur les plages de Normandie. Dans la nuit, des unités parachutistes ont été larguées afin d'encager la zone de débarquement ; des commandos ont effectué des coups de mains sur les défenses significatives allemandes. Les bombardements tactiques et stratégiques ont été intenses. Les troupes débarquent sur cinq plages : Utah Beach et Omaha Beach pour les Américains et Sword Beach, Juno Beach et Gold Beach pour les Anglo-Canadiens. Le 6 juin au soir, plus de cent cinquante mille soldats alliés ont débarqué ou ont été parachutés ; les pertes s'élèvent à environ dix mille cinq cent hommes (morts, blessés, prisonniers et disparus). En dépit des difficultés, la plus grande opération amphibie et aéroportée à été un succès. Les Allemands tardent à réagir car l'état-major pense que le vrai débarquement aura lieu dans le Pas-de Calais, les Alliés ont d'ailleurs tout fait pour induire en erreur les services de renseignements allemands. Pendant plusieurs semaines, les combats dans le bocage normand seront difficiles et meurtriers avant que les Alliés puissent percer le dispositif adverse et foncer vers l'est. Hormis les cent soixante-dix-sept hommes du commando Kieffer (voir notice), il n'y a pas de Français sur les plages de Normandie. Les premiers éléments de la 2e DB française n'arrivent en Normandie que le 1er août.

25-KPUFRA
Serment de Koufra

Le 21 décembre 1941, le colonel Leclerc, envoyé par le général de Gaulle en AEF, part  du Tchad avec une colonne motorisée et quatre cent hommes et s'enfonce dans le désert, vers le Nord, vers Koufra, aujourd'hui en Libye. Cette oasis est tenue par une garnison italienne de près de mille deux cent hommes. Avec bien des difficultés et beaucoup de ténacité, Leclerc s'empare de l'oasis après une dizaine de jours de siège. C'est une victoire symbolique qui a un certain retentissement car cela montre que les Français Libres de De Gaulle ont réellement repris le combat. Leclerc est nommé général par le chef de la France Libre. Aujourd'hui, la mémoire collective retient que Leclerc, le 2 mars 1941, aurait fait prêter un serment à ses hommes dans l'oasis de Koufra : « Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg Â». Dans l'immédiate après guerre, il n'était guère question de "serment" stricto sensu, même si la phrase aurait pu être dite, de manière plus sobre au soir de la victoire sur les Italiens par Leclerc, mais rien dans les archives et peu de choses dans les souvenirs.

Peu à peu, les divers livres relatant non pas l'histoire de Leclerc et des Français Libres mais l'épopée (celle où le vrai se mêle au merveilleux) se sont copiés les uns et les autres avec des ajouts et des embellissements. Aujourd'hui, de manière délibérée ou inconsciente, le serment est devenu une sorte de « vérité révélée Â» qui se conjugue comme le credo. Ceci entre bien dans une histoire des représentations qui rappelle cette guerre de Trente ans telle qu'elle est vue par De Gaulle. Comment un ancien qui aurait pu se trouver à Koufra pourrait-il dire autre chose que ce qui est rapporté dans un livre ? L'épopée est bien plus belle que ses souvenirs et de toute façon ils étaient peu nombreux a être revenus en France. Une bonne partie de la colonne Leclerc était constituée de tirailleurs sénégalais qui n'ont pas quitté l'Afrique puisque la 2e DB qui arrive en Normandie en août 1944 ne comporte quasiment pas de « soldats indigènes Â».

Peu après la Grande Guerre, Hansi avait créé une belle affiche pour l'emprunt de la libération lancé par la Banque d'Alsace-Lorraine. Il s'agissait des troupes françaises entrant, le 22 novembre 1918, dans Strasbourg aux maisons pavoisées dominées par le clocher de la cathédrale orné d'un pavillon tricolore. Quelques jours plutôt, le 13 novembre, un drapeau rouge avait flotté sur la cathédrale car un soviet des ouvriers et soldats s'était constitué dans la ville, comme dans d'autres villes d'Alsace. Il fut démantelé avec l'arrivée des troupes françaises et le drapeau rouge remplacé par le tricolore, les Strasbourgeois ayant majoritairement accueillis triomphalement les soldats français. Long est le chemin de Koufra à Strasbourg. Les premiers éléments de la 2e Division Blindée du général Leclerc entre dans Strasbourg le 23 novembre 1944. Dans la ville une rue porte aujourd'hui encore le nom de  « 22 novembre Â» sans indication de date : quelle ambigüité...

26-PARIS
Libération de Paris (1944)

 

Le 25 août 1944 le général de Gaulle prononce son célèbre discours sur Paris libéré, qu’il libère avec le concours des forces alliées. Au-delà du symbole et des mythes commémoriels, la situation est finalement quelque peu différente. Les Alliés - après de difficiles combats dans le bocage normand, depuis le 6 juin - ont réussi à rompre la ligne de défense allemande. Le 15 août, des troupes alliées avec un très fort contingent français débarquent en Provence. Hitler pour la première fois depuis le début de la guerre donne l'ordre aux troupes qui se trouvent dans le sud-est, le sud et le sud-ouest de la France de se replier vers l'Alsace et les Vosges. Paris va se trouver isolé. Certes, la 2e DB fonce vers Paris. C'est la seule unité française sur ce théâtre d'opérations. Elle est arrivée en Normandie début août, soit bien après le débarquement du 6 juin. Elle a une mission politique et de souveraineté car pour le commandement militaire allié, Paris n'a aucun intérêt tactique et tombera. Il faut retenir que lorsque l'insurrection parisienne est à son acmé, le général allemand von Choltitz qui commande le Gross Paris, sait qu'il a à sa disposition des troupes disparates, mal équipées et de faible valeur combative. Face à lui, il y a certes une insurrection mais surtout les divisions américaines qui sont sorties du bourbier normand. Von Choltiz comprend qu'il n'est pas souhaitable de transformer Paris en Stalingrad. Cette approche de l'histoire de la Libération de Paris n'enlève rien à la valeur des résistants et des hommes de la 2e DB mais replace cet épisode dans son vrai contexte.

27-AFRIQUE
L’Armée d’Afrique

 

En 1830, lors de la conquête de l’Algérie, les Français recrutent cinq cents hommes dans la tribu des Zouaoua, qui fournit des auxiliaires aux troupes du bey d’Alger. Ces fantassins sont alors appelés zouaves. Ensuite, des cavaliers musulmans forment les premiers régiments de chasseurs d’Afrique. Zouaves et chasseurs intègrent dans leurs rangs des volontaires européens. En 1841 sont créés des escadrons de spahis (cavaliers) et trois bataillons de tirailleurs, surnommés Turcos car certains ont servi dans les garnisons turques de la Régence. Ces formations participent à la conquête de l’Algérie. Durant le Second Empire, le nombre de régiments augmente et les tirailleurs sont engagés en Crimée, en Italie et dans toutes les expéditions plus lointaines : Sénégal, Cochinchine, Mexique, Chine. Cela se poursuit avec la IIIe République, en particulier au Tonkin et à Madagascar mais aussi en Afrique, au Sahara puis en Tunisie à partir de 1882 et enfin au Maroc à partir de 1907. Des unités de goumiers, de fantassins et de cavaliers marocains sont également recrutées. À la veille de la Grande Guerre, tirailleurs, spahis, goumiers et " indigènes " côtoient les unités composées de métropolitains de l’armée d’Afrique : Légion étrangère, zouaves, chasseurs d’Afrique, infanterie légère d’Afrique et méharistes du Sahara. Au Maroc, ils combattent aux côtés de militaires de l’armée coloniale qui regroupe, elle, Européens, Antillais, Réunionnais, Africains de l'Afrique sub-saharienne, Malgaches et Indochinois. L'armée d'Afrique combat en France durant la Grande Guerre et en 1940. Après le débarquement anglo-américain de novembre 1942, elle constitue le creuset où se reconstitue l'ensemble de l'armée française avec du matériel américain. Après les succès du corps expéditionnaire français en Italie (CEFI, 1943-1944), l'armée d'Afrique débarque en Provence en août 1944. Après la Seconde Guerre mondiale, des unités sont engagées en Indochine. Progressivement avec les indépendances du Maroc, de la Tunisie puis de l'Algérie, l'armée d'Afrique disparaît. Quelques formations de l'armée française perpétuent aujourd'hui les traditions et l'histoire de ces unités d'Afrique du Nord en particulier avec le 68e régiment d'artillerie d'Afrique à La Vabonne près de Lyon et le 1er régiment de chasseurs d'Afrique, unité de l'arme blindé cavalerie à Canjuers dans le Var.

28-CHASSELAY
Chasselay (1940)

 

Le 19 juin 1940, le 25e régiment de tirailleurs sénégalais ainsi que quelques artilleurs et légionnaires freinent vigoureusement l'avancée des troupes allemandes vers le sud par la Nationale 6 dans un village appelé Chasseley à quelques kilomètres au nord de Lyon. À l'issue d'un combat très meurtrier, le 20 juin, les Allemands divisent les prisonniers en deux groupes, d'un côté les soldats français blancs et de l'autre les tirailleurs. Les tirailleurs sont exécutés à la mitrailleuse dans un champ. Les habitants de Chasselay enterrent les corps dans le cimetière. Un monument particulier (le tata) est inauguré le 8 novembre 1942 avec le soutien du gouvernement de Vichy. Il s'agit d'un cimetière dédié aux soixante-dix tirailleurs sénégalais massacrés. Cette nécropole est close par une enceinte de couleur ocre-rouge dont le porche d'entrée et les quatre angles sont surmontés de pyramides. Tous les ans, une cérémonie officielle est organisée à la mémoire des victimes d'un crime à la fois raciste et contraire aux conventions internationales relatives aux prisonniers de guerre.

29-FORCE NOIRE
La Force noire

 

À l'époque des comptoirs du XVIe siècle sur la côte ouest de l'Afrique, des auxiliaires sont recrutés en particulier à Gorée et Saint-Louis où la marine créée, en 1765, le corps de mousse, les laptots. De nombreux essais sont faits pour recruter des soldats autochtones et la marine engage même des hommes pour les Antilles et Madagascar en 1827 ou Cayenne en 1831. Avant l’abolition de l’esclavage en 1848, des esclaves sont aussi libérés en échange d’un engagement comme soldat. L’expérience réussie de la création des spahis sénégalais en 1845 conduit le capitaine Faidherbe à constituer, en 1857, un bataillon « tirailleurs sénégalais Â». Au cours de la deuxième moitié du XIXe  siècle, les expéditions militaires se succèdent à partir des anciens comptoirs et les tirailleurs y occupent une place importante. En 1884, un premier régiment de tirailleurs sénégalais est ainsi constitué, suivi de nombreux autres, gabonais, haoussa, soudanais, congolais, tchadien qui, par souci d’uniformité, gardent l’appellation de « sénégalais Â». Le lieutenant-colonel Mangin publie, en 1910, un livre qui marque son temps : La Force noire. Il propose de porter l'effectif de tirailleurs à vingt mille hommes. Lors du défilé du 14 juillet 1913 à Longchamp, le rôle des troupes issues de l’Empire est affirmé et l’emblème du 1er régiment de tirailleurs sénégalais est décoré de la Légion d’honneur par le président Poincaré. En 1914, les troupes noires africaines comptent trente-cinq bataillons, soit environ trente mille hommes qui viennent pour la plupart combattre en France. L'expression « force noire Â» n'est plus guère employée après la Première Guerre mondiale.

La Force jaune

 

Des unités « indigènes Â» sont formées dans les colonies ou protectorats du Vietnam, du Cambodge et du Laos dès le début du Second Empire. Avec la IIIe République, l'expansion coloniale s'accélère en Asie et en 1879, le 1er régiment de tirailleurs annamites est créé, puis de 1883 à 1886, quatre régiments de tirailleurs tonkinois, ainsi que des unités de chasseurs à cheval, de chasseurs cambodgiens et laotiens, de tirailleurs chinois et de frontières. Contrairement à la « Force noire Â», la « Force jaune Â» est une expression peu employée que ce soit du temps de la colonisation ou par les historiens actuels. Le terme est dû au général Pennequin qui en 1911, alors qu'il est commandant supérieur des troupes à Saïgon, transmet au ministre des colonies un projet de mise sur pied d'une « armée jaune Â».  Il fait ensuite paraître sur ce thème un article dans la Revue de Paris. Il souhaite que soit mise sur pied une armée de cent soixante-dix mille hommes dont tout l'encadrement, jusqu'aux officiers supérieurs serait autochtone. Au-delà de l'aspect militaire, Pennequin critique aussi tout le système colonial en Indochine. Ces idées iconoclastes se heurtent à une critique virulente de la majorité du parti colonial et du ministère. Les tirailleurs annamites reçoivent leur drapeau le 14 juillet 1913 sur l'hippodrome de Longchamp. L’Indochine compte à la veille de la Grande Guerre près de quinze mille militaires, douze mille cinq cent gardes indochinois et vingt-quatre mille réservistes.

PASCAL TRAN-HUU
30-FORCE JAUNE
31-BLAISE DIAGNE
Blaise Diagne

Blaise Diagne, né en 1872 à Gorée (Sénégal actuel) est le premier député africain élu à la Chambre en France (1941). Le parcours de cet homme est tout à fait particulier et s'inscrit dans une époque où, à la fois, l'empire colonial français est à son apogée et où les élites africaines estiment que l'assimilation est la meilleure des garanties contre le racisme et les inégalités. Galaye MBaye Diagne, né dans une famille très modeste, est adopté par les Crespin, notables métis de Saint-Louis du Sénégal, qui lui donne le prénom de Blaise. Appartenant à une des Quatre Communes du Sénégal (Rufisque, Gorée, Saint-Louis et Dakar), il est de plein droit de nationalité française. Il devient boursier et poursuit ses études à Aix-en-Provence. En 1891, il réussit le concours de l'administration des douanes et entame une carrière de fonctionnaire colonial : Dahomey (1892), Congo (1897), La Réunion (1898), Madagascar (1902) ; Guyane (1910). En 1914, Blaise Diagne est élu député du Sénégal du fait du statut des Quatre Communes. Il est réélu sans discontinuité jusqu'à sa mort en 1934, tout en étant, plusieurs fois maire de Dakar et même secrétaire d'Etat aux colonies en 1931. Parfois surnommé à la Chambre, la « voie de l'Afrique Â», il est écouté - mais aussi critiqué - car il souhaite faire participer les Africains à la politique coloniale française et à la mise en place de structures administratives dans les colonies.

 

Durant la Grande Guerre, il a mené une campagne politique et d'information en faveur des Africains engagés dans les troupes coloniales. A partir de 1916, il pousse les Africains à s'engager et, en même temps, il réclame pour eux en contrepartie la nationalité française, mais en vain sauf pour les Quatre Communes obtenue par la loi du 29 septembre 1916 qui institue le service militaire obligatoire. Après l'échec des offensives Nivelle d'avril 1917, lors d'un débat à la Chambre, il critique vivement la façon dont sont utilisés les régiments de tirailleurs, en particulier au Chemin de Dames. En janvier 1918, le député Diagne est nommé par Clémenceau – Président du Conseil et ministre de la Guerre – Commissaire général chargé du recrutement indigène en Afrique. Il garde cette fonction  jusqu'en 1921 dans quatre ministères différents (Clémenceau, Millerand, Leygues et Briand). En 1918, il réussit à faire s'engager soixante-trois mille hommes en AOF et quatorze mille en AEF contre des promesses de soldes, de médailles et de citoyenneté ; cette dernière promesse n'a jamais été tenue. Aujourd'hui, l'Å“uvre de Baise Diagne est considérée comme ambigüe par ceux qui estiment que le colonisé ne peut pas être acteur de sa colonisation alors que pour le député Diagne le combat contre le racisme et les inégalités passait par l'intégration et l'assimilation dans la société française. La mémoire du premier Africain député et membre d'un gouvernement de la République française est encore forte au Sénégal. A Dakar, une rue, un lycée et l'aéroport portent son nom. Quant à son petit fils, qui s'appelle aussi Blaise Diagne, il est agriculteur et maire de son petit village de Provence, Lourmarin où vécut Albert Camus, l'auteur de L'Etranger.

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